Orcades
D'archipel en archipel

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Pour atteindre les Orcades, nous décidons d'emprunter le canal Calédonien, qui permet de passer de l'océan Atlantique à la mer du Nord en passant par le « Great Glen », une faille géologique qui traverse les Highlands et au creux de laquelle se nichent des lacs profonds, dont le fameux Loch Ness.
Pour le rejoindre depuis Oban, nous empruntons le Loch Linnhe. Extrait de notre guide nautique: « Plus profond est un loch et plus hautes sont les montagnes qui le bordent, plus les pluies sont abondantes. Le loch Linnhe est l'un des plus longs, et est bordé par les plus hautes montagnes d'Ecosse. » Nous rencontrons un temps conforme.
Dès le début du canal, une série de neuf écluses consécutives nous monte de 20 mètres. Etrange sensation de voir la mer en contrebas depuis le pont du voilier! De sympathiques éclusiers et éclusières ouvrent les portes ou font tourner les ponts. L'un d'eux est encore en mode manuel: nous approchons, un type commence à tourner une manivelle à la main, la moitié du pont s'ouvre lentement. Nous pensons alors pouvoir passer, mais notre homme lève la main pour nous arrêter, puis monte dans un petit canot et rame vers l'autre bord, débarque et actionne une autre manivelle. Nous attendons donc l'ouverture de la deuxième moitié du pont avant de passer.
Le premier jour, nous progressons au moteur dans un temps pluvieux. La traversée du loch Oich marque le point culminant du canal, et de notre voyage! Nous sommes à 32,3 mètres au-dessus du niveau de la mer. Nous sommes entourés de montagnes. Plusieurs lieux sont le théâtre d'événements du livre « Le cercle Celtique » de Björn Larsson, en bonne place dans la bibliothèque du bord, entre « Moby Dick » et la « Saga d'Eirikr le Rouge ». Nous naviguons précisément devant Invergarry Castle, un château en ruines. Nous passons la nuit à Fort Augustus, puis nous élançons sur le Loch Ness. Poussés par un bon vent de sud-ouest, nous avalons le Loch à la voile, à défaut de se faire avaler par le monstre. Après le passage de quelques écluses supplémentaires et une nouvelle nuit dans le canal, nous rejoignons la mer du Nord et Inverness le lendemain matin.
Le canal Calédonien Ecluses

L'Ecosse mystérieuse...

A la manœuvre dans les écluses.


Loch Ness monster.


Urquhart castle sur les rives du Loch Ness.

Loch Ness monster Loch Ness

Inverness, la capitale des Highlands, est une ville bordant la tumultueuse rivière Ness. Un château domine les rues piétonnes du centre. Notre impression agréable est renforcée par l'ambiance rencontrée le soir dans un pub, où un groupe de jeunes de l'île de Skye nous propose un concert de musique écossaise.

La Volta II repart vers le Nord. Dans un vent capricieux, nous franchissons le 58ème parallèle pendant la nuit. Si l'on peut dire, en parlant des quelques heures de pénombre qui s'installent péniblement entre le coucher et le lever du Soleil.
Les quarts se succèdent, Bruno et Gaëlle apprécient la disponibilité, l'enthousiasme, l'énergie et la compétence d'Arielle, qualités précieuses aussi bien en mer qu'à terre.
Arielle à la barre


Arielle à la barre.


Après Dunscansby Head, la pointe nord-est de l'Ecosse, nous tirons des bords en prenant soin de contourner la zone de courants terribles (jusqu'à 12 nœuds!) du fameux Pentland Firth, entre la Grande-Bretagne et l'archipel des Orcades. Le vent et le courant peuvent y lever des mers indescriptibles.
Nous rejoignons finalement les Orcades après 35 heures de navigation, et jetons l'ancre dans une petite baie afin d'y passer la nuit en attendant la renverse du courant, puis atteignons enfin le port de Kirkwall au petit matin.

L'archipel des Orcades est riche en beaux paysages, en faune marine, en sites archéologiques et en habitants sympathiques. Les îles sont peu élevées et peu boisées, mais quelques falaises se dressent, entre deux plages de sable blanc aux eaux turquoise. Nous croisons des groupes de phoques.
Nous visitons la somptueuse cathédrale de Kirkwall, bâtie durant la période viking (pour plus de précisions historiques, voir la page « Dans le sillage des Vikings »). Nous sommes surpris par la densité des sites archéologiques. Un tour en bus dans l'île principale (« Mainland ») nous amène aux restes bien conservés du village néolithique de « Skara Brae » aux maisons rondes, puis à l'un des trois mystérieux cercles de pierres dressées (du type Stonehenge).
Pierres levées Pierres levées

Les mystérieuses pierres levées du néolithique.


Autre curiosité de l'archipel, le grand port naturel de Scapa Flow, dans une sorte de lagon intérieur, idéal pour y mouiller une flotte, ce que firent les Vikings, mais aussi les Anglais durant les deux guerres mondiales. Une flotte allemande entière y fut sabordée en 1919, emplissant la baie d'épaves, en partie renflouées aujourd'hui.
Nous naviguons dans les courants entre les îles pour rejoindre le petit port de Pierowall sur Westray. Nous sommes à peine amarrés que Gaëlle se met en tête d'attraper du poisson. Pour cela, elle délaisse la ligne de pêche, et se dirige tout droit vers les deux ou trois barques de pêche amarrées dans le port, puis avise le harbour master sur la façon de se procurer du poisson ou des coquilles St Jacques. Il semble qu'il faille les acheter, congelées, à l'hôtel. Un pêcheur qui passe par là le confirme. Un peu plus tard dans la soirée, ce même pêcheur nous apporte une douzaine de coquilles St-Jacques et tourne rapidement les talons, refusant même un verre de vin en remerciement de son cadeau! Nos cœurs sont touchés par ce geste et nos estomacs en sont comblés.
Ici, pour faire de l'auto-stop, nul besoin d'utiliser son pouce. Il suffit de se poster à un carrefour, de jeter un regard interrogateur sur les panneaux, de tenir un plan dans une main et de se gratter la tête de l'autre: la première voiture qui passe s'arrête. Si l'on souhaite tout de même se servir de son pouce (technique qui est finalement plus simple), la première voiture qui passe s'arrête aussi. Nous visitons de la sorte des fouilles en cours d'un site Viking ainsi qu'une église édifiée à cette époque. Lors de nos escales, Arielle part souvent dessiner les paysages alentour.
Un voilier nous rejoint sur l'unique ponton. Ses deux occupants sont des îles Shetland, et ils nous font découvrir la musique de chez eux lors d'un apéritif animé à bord de La Volta II. Roger est Ecossais et retraité d'une compagnie pétrolière, Billy est Shetlandais (ce qui n'est pas pareil) et pêcheur (deep sea fisherman, précisent-ils). Nous sympathisons autour de notre muscadet et de leur whisky d'Islay. Le lendemain, alors qu'ils sont encore endormis, nous débordons l'îlot de Papa Westray et mettons le cap vers leur archipel, quelques heures avant qu'ils ne fassent de même.

La navigation continue :

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